Par AFP le 29.02.2024 à 17h59
Les entreprises françaises, alléchées par les promesses de l’intelligence artificielle générative, sont sur la ligne de départ, y compris dans des secteurs peu technologiques
Des robots capables de répondre à des questions complexes et des assistants virtuels pointus: les entreprises françaises, alléchées par les promesses de l’intelligence artificielle (IA) générative, sont sur la ligne de départ, y compris dans des secteurs peu technologiques.
De l’IA dans les coups de fil ou pour assister les auxiliaires de vie, l’éventail est vaste.
Sur son ordinateur, Matthieu Brun-Bellut, le directeur informatique de Vitalliance, fait la démonstration du nouveau robot de cette entreprise d’aide à domicile. Grâce au « bot » maison dopé à l’IA, sur le point d’entrer en service et qui sera à terme accessible via une application sur leur téléphone, les employés pourront obtenir des réponses rapides sans avoir à s’abîmer la vue dans les 400 pages du manuel de l’entreprise.
« Ce manuel est un gros document, avec des changements apportés régulièrement. C’est fastidieux pour un salarié d’aller chercher constamment ce qui a été modifié », fait-il valoir. Pour quelques milliers d’euros, l’entreprise a donc mis au point ce nouvel outil.
L’entreprise devra ensuite payer son fournisseur de service, dans ce cas Amazon Web Services (AWS), en fonction du nombre de questions posées au « chatbot ».
Les secteurs technologiques ne sont plus les seuls concernés par l’IA dite générative, qui a émergé à la faveur du lancement fin 2022 du robot conversationnel ChatGPT par l’américaine OpenAI.
« J’ai été étonné, toutes sortes d’entreprises nous ont contactés depuis un an et demi », raconte Xavier Perret, directeur France d’Azure, la plateforme de cloud du géant américain Microsoft, qui propose à ses clients de développer leur propre « bot ».
« Je pense que nous sommes au début d’une nouvelle vague technologique », ajoute-t-il. « Chacun va être amené à intégrer des outils d’IA générative, en particulier dans les secteurs qui ont beaucoup de relations clients ».
Selon une étude menée par Strand Partners pour AWS, un tiers des entreprises essaient déjà des solutions d’IA en Europe. En France, le nombre d’entreprises ayant adopté l’IA est passé à 27% en 2023. « Un cas d’usage courant avec lequel de nombreuses entreprises démarrent l’IA générative, consiste à indexer les quantités gigantesques de documents non structurés qu’elles possèdent », explique Stephan Hadinger, directeur technique d’AWS France.
– Emploi –
Les agences immobilières, pas forcément associées à la « tech » de haute volée, en font potentiellement partie. C’est d’ailleurs l’un des projets développés par Damien Schmitt, cofondateur d’Atyos, un cabinet de conseil qui met en place divers outils d’IA.
« On travaille avec une agence immobilière qui édite un logiciel de gérance. Il est difficile pour une personne dans un syndic d’avoir en tête l’historique entier d’une copropriété vieille de 30 ans », décrit-il à l’AFP. « Avec ce nouveau système, on va faire analyser tous les documents de la copropriété pour trouver des réponses rapides ».
A terme, l’IA pourrait se glisser partout. Atyos travaille ainsi avec un service de support téléphonique. « Avec l’IA, on est capables d’analyser en temps réel l’humeur de l’interlocuteur en face de nous. Cela permet de donner des indications à l’opérateur sur quel axe pousser ».
Les acteurs contactés par l’AFP évoquent d’importants gains de productivité. Au risque de licenciements? Une étude de Goldman Sachs l’an dernier estimait ainsi que deux tiers des métiers pourraient être partiellement automatisés grâce à l’IA. Laquelle pourrait détruire jusqu’à 300 millions d’emplois dans le monde. Un sujet sensible parmi les acteurs interrogés, qui s’en défendent.
« L’informatique, cela transforme des jobs », admet Matthieu Brun-Bellut. « Mais dans mon métier où j’ai du mal à recruter, cela va juste rendre le travail plus fluide ».