Un rapport de l’Inserm plaide pour que l’activité physique soit reconnue comme une thérapeutique à part entière pour les patients.
Aujourd’hui, 1 Français sur 4 souffre d’une maladie chronique. Après 65 ans, ils sont 3 sur 4. Ce nombre ne va cesser d’augmenter dans les prochaines années au fur et à mesure que la population vieillit. On estime à 2,3 millions le nombre de personnes dépendantes en 2060 contre 1,2 million actuellement.
Depuis la loi santé de 2016, les médecins ont la possibilité de prescrire des séances d’activité physique à leurs patients mais ce procédé est encore peu utilisé. Outre le fait qu’elles ne sont pas remboursées par l’Assurance Maladie, ces séances de “sport-santé” auraient tendance à faire peur aux personnes atteintes de maladies chroniques.
Et pourtant, dans son rapport rendu public le 14 février 2019, l’Inserm réaffirme les bénéfices de l’activité physique contre 10 maladies chroniques fréquentes. L’expertise préconise une activité commencée rapidement après le diagnostic, prescrite à tous les malades chroniques et prise en charge par la collectivité. Cette expertise collective de l’Inserm, qui répond à un enjeu de santé publique essentiel, est le résultat de deux ans de travail et de l’analyse de plus de 1800 études scientifiques. “La question n’est plus de savoir si l’activité physique est efficace mais de proposer des programmes adaptés pour convaincre médecins et patients”, affirme le Professeur François Carré, cardiologue et membre du groupe de travail.
Le rapport de l’Inserm met en avant les bénéfices de la pratique d’une activité physique, qui l’emportent sur les risques encourus, quels que soient l’âge et l’état de santé de la personne. Il explique notamment que les séances devraient même être prescrites avant tout traitement médicamenteux dans la dépression légère à modérée, le diabète de type 2, l’obésité et l’artérite des jambes. Il expose notamment les effets positifs de l’activité physique sur 10 maladies chroniques fréquentes dont le diabète de type 2, la broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO), l’asthme, l’insuffisance cardiaque ou l’obésité… En cardiologie, par exemple, un programme d’activité physique adapté serait à l’origine d’une baisse de 25% de la mortalité après un infarctus. Suite à un AVC, un entraînement sportif régulier diminuerait les séquelles neuromusculaires et les risques de récidive. Il améliorerait également la force musculaire et rendrait plus aisé les activités du quotidien. En cancérologie, l’activité sportive réduirait certaines douleurs associées aux traitements, comme les neuropathies.
L’enjeu chez les malades chroniques est maintenant de proposer des programmes encadrés permettant de limiter l’aggravation et les complications de leur pathologie. L’activité physique peut très bien être pratiquée en groupe comme individuellement, en salle ou en plein air, elle peut favoriser le renforcement musculaire, l’endurance, la coordination ou encore la souplesse. “L’important est de proposer des activités personnalisées, adaptées aux goûts, capacités et limites de chaque malade” précise le Professeur Carré.
Tous ces constats doivent maintenant entraîner un changement radical d’approche et faire évoluer l’idée selon laquelle prescrire du repos au malade est forcément la règle. Car pour les patients, certains freins liés à l’état de santé, comme la douleur et la fatigue, peuvent les rendre réfractaires à pratiquer une activité physique. Les experts recommandent donc d’évaluer les capacités et la motivation de chacun lors d’un entretien dédié et de l’accompagner dans la durée car la difficulté est de maintenir cette activité sur le long terme.
Une pratique efficace que les patients doivent intégrer dans leurs habitudes car ce traitement non pharmaceutique illimité est bénéfique autant pour la santé que pour le moral.